Lisa Tognon

Lisa Tognon détient un baccalauréat en arts visuels avec une majeure en gravure de l’Université du Québec à Montréal. L’artiste combine avec dextérité plusieurs techniques : dessin, gravure, estampe, peinture installation. Elle crée des compositions abstraites qui évoquent des archétypes de types élémentaristes qui font référence tant aux phénomènes naturels: éruptions volcaniques, vent, eau, feu, neige, marées… qu’aux traces de notre civilisation: écritures, signes. En quête d’une d’expression par l’énergie latente de la matière, elle s’efforce d’unifier les deux facteurs principaux de l’activité créatrice, c’est- à-dire le repos et le mouvement, le temps et l’espace.

Elle est active au Québec où elle a eu plusieurs expositions solos (Salle Alfred-Pellan de la Maison des arts de Laval, Musée d’art contemporain de Baie-Saint-Paul, Musée des beaux-arts de Sherbrooke). Ses œuvres font partie de grandes collections publiques telles que Desjardins, Loto-Québec et ville de Laval. Elle a reçu le Prix Jacques-Cartier des Arts décerné par la Ville de Lyon lors de la Biennale internationale d’estampes miniatures de 1998, le prix Loto-Québec et le prix recherche et création de la Ville de Laval.

Elle est représentée par la Galerie Jean-Claude Bergeron à Ottawa, par la Galerie Michel Guimont à Québec ainsi que par la galerie Éric Devlin à Montréal.

En 2016, Lisa Tognon a complété le projet Intérieur/extérieur : la réalisation d’une oeuvre d’art relationnel, grâce à une bourse du Conseil des arts et des lettres du Québec. Elle sera commissaire et artiste en mai 2019 lors de l’exposition « Retentissements » qui se tiendra à la salle Alfred Pellan de la Maison des Arts de Laval pour laquelle elle réalise une installation grâce au soutien financier du CalQ.

Paul A. Caron (1874-1941)

Paul Archibald Caron (Montréal 1874-1941)

BIOGRAPHIE

Né à Montréal en 1874, Paul Caron est peintre aquarelliste, dessinateur, graveur et illustrateur. En 1891, il entre comme dessinateur dans une manufacture de vitraux de Montréal où il travaille pendant onze ans. Au début de cette période, il étudie le dessin avec E. Dyonnet au Conseil des arts et manufactures de Montréal, puis dans les cours de William Brymner à l’école de l’Art Association of Montreal. Maurice Cullen le enseigne le dessin dans la même école. Caron fait également de brefs séjours d’étude à New York et à Philadelphie.

De 1897 à 1908, il est dessinateur puis directeur artistique au quotidien La Presse de Montréal. Il collabore également au Canadian Magazine, au Saturday Night à Toronto, au Montreal life, ainsi qu’à L’Album universel du Monde illustré. Il travaille pour la Desbarats Advertising Agency pendant plus de vingt-cinq ans à partir de 1903, agence dont il finit par devenir directeur artistique. Il illustre entre autres des livres de légende (Sir Lancelot’s return), de mythologie (Helen and Aphrodite) et d’autres d’intérêt régional (Quebec Old and New, Saguenay).

SUJETS

Caron puise de préférence les sujets de ses peintures, dessins et gravures dans les différents quartiers de Montréal, mais certaines œuvres témoignent d’excursions à Québec en 1927, 1931, 1934, à Baie-Saint-Paul en 1935 et 1937 et à Saint-Hilarion en 1937. Ses paysages urbains et ruraux ainsi que ses décors hivernaux lui valent la reconnaissance générale, et ses cartes de Noël à l’aquarelle ou gravées sont largement diffusées.

 

TECHNIQUES

Caron fait plus souvent de la peinture, et surtout de l’aquarelle, que du dessin, produisant à l’occasion des gravures sur bois. Il participe à l’esthétique Art nouveau. Il s’intéresse peu à la symbolique et recherche dans ses mises en page un trait dépouillé et précis comme celui de l’américain John Sloan.

 

EXPOSITIONS

Caron envoie un carton de vitrail à l’Exposition universelle de 1900 à Paris et vingt et un de ses papiers figurent à l’exposition de la Newspaper Artists’ Association de Montréal en 1903. Il figure régulièrement aux expositions de l’Art Association of Montreal de 1905 à 1941 (posthume), à celles de l’Académie royale canadienne de 1904 à 1940. Il participe à des expositions collectives du Musée des beaux-arts du Canada en 1928 et en 1929 et de l’Ontario Society of Artists en 1930.

 

DISTINCTIONS

Caron obtient le prix Jessie Dow pour ses aquarelles et est élu associé de l’Académie royale canadienne en 1939.

 

COLLECTION

Ses œuvres dessinées ou gravées sont présentes au Musée des beaux-arts du Canada, au Musée Stewart à Montréal, à l’Edmonton Art Gallery en Alberta, au Glenbow-Alberta Institute de Calagary et au Musée national des beaux-arts du Québec.

 

Source: David Karel, Dictionnaire des artistes de langue française en Amérique du Nord: peintres, sculpteurs, dessinateurs, graveurs, photographes et orfèvres, Presses de l’Université Laval, 1992

Rodolphe Duguay

Rodolphe Duguay

(Nicolet 1891-1973)

Études chez les Frères des écoles chrétiennes de Nicolet, et au Séminaire de Nicolet de 1903 à 1908. Il s’installe à Montréal en septembre 1908, et débute ses cours de beaux-arts au Monument national (Conseil des Arts et Manufactures) en février 1911 jusqu’en mars 1920. Il fréquente également les cours de l’Art Association of Montreal et travaille à l’atelier du peintre Georges Delfosse. En 1918, il fait une première rencontre avec le peintre Suzor-Côté et débute dans son atelier le 30 mai 1919 et ce jusqu’à son départ pour Paris. Durant cette période, il expose au Salon du printemps de l’Art Association. Après avoir œuvré sur plus de quarante commandes signées par Suzor-Côté, et grâce à l’aide financière de son père et de sa mère ainsi que celle de Suzor-Côté, il s’embarque pour l’Europe en compagnie du peintre Narcisse Poirier en septembre 19202.

À Paris en 1925

Il s’inscrit à l’Académie Julian (où il est influencé par Henri Morisset) à Paris le 14 octobre 1920, il y reste jusqu’au 10 mars 1924. Il fréquente aussi l’Académie de la Grande Chaumière, Adler et Colarossi.

Durant les vacances de 1922 et 1923, il voyage en Bretagne et en Normandie. Il y retrouve son grand ami Octave Bélanger, également étudiant à l’Académie Julian, avec qui il dessine un grand nombre de paysages et de scènes de rue à Belle-île-en-mer et à Port Louis3. Il parcourt l’Italie durant les mois d’avril-mai-juin 1925, visitant quatorze villes de Turin à Naples, y compris Rome et Assise, exécutant plusieurs études et pochades.

Il obtint la première bourse attribuée à un peintre par le gouvernement du Québec en septembre 1924.

Maison Rodolphe-Duguay

À son retour d’Europe en juin 1927, son père lui construit un atelier sur le modèle de son dernier atelier parisien de la rue Vercingétorix. En avril 1929, il s’expose à la Bibliothèque Saint-Sulpice. En 1935, il présente une collection de bois gravés. Il œuvra jusqu’au début des années 1960. Il reçoit l’Ordre du Canada en 1973 et décède la même année.

La maison ancestrale des Duguay construite vers 1835, et l’atelier du peintre, déclarés monuments historiques en 1977, ouvrent ses portes durant la saison estivale par la présentation d’exposition thématique d’œuvres de Rodolphe Duguay et d’artistes invités.

 

Source: Wikipedia

Verticalité par Chantale Jean

VERTICALITÉ

 

Les préoccupations de l’Horizontalité sont d’ordres primaires : l’argent, l’égocentrisme, le paraître, le matériel, la surconsommation…

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La Verticalité elle, ouvre le champ de la spiritualité. Je parle donc d’une dimension verticale qui est le lien qui unit l’humain avec l’absolu, ouvrant sur une transparence, une recherche de sens à la vie. (Frédéric Lenoir)

Trouver notre axe vertical pour accéder à notre essence. Ainsi, je propose une Verticalité  »graphique  » dans une perspective qui nous suggère le changement. J’aspire à ce que les paréidolies revendiquent un nouveau regard, une lecture personnelle; celle de nous-mêmes par nous-mêmes.

 

Dans cet espace temps chaotique, je me connecte à la définition du sens de la vie de l’écrivain Barry Long dans son livre intitulé  »Seule meurt la peur »:

 

 »…L’homme n’existe sur cette planète que pour communiquer la vie et l’amour comme Vérité ou être ce qu’il est lui-même. Du moment qu’il cesse de le faire, son existence ne se justifie plus.(…) La seule occupation du fait de vivre consiste à trouver cette vérité ou ce but à l’intérieur de soi. (…) Le but de la vie – qui est simplement d’être, d’exprimer l’homme ou la femme qu’ils sont véritablement dans l’instant, affranchis du mental et de ses préoccupations malheureuses. »

Je comprends ici : affranchis de leur Horizontalité. Mais cette Horizontalité est aussi nécessaire pour avoir accès à la Totalité qui est l’équilibre entre l’Horizontalité et la Verticalité.

Dans cet équilibre, la terre ce réceptacle d’énergie matière (l’Horizontalité) offre aussi ses précieux encrages dans notre parcours;  »J’aime appuyer ma main sur le tronc de l’arbre devant lequel je passe, non pour m’assurer de l’existence de l’arbre-dont je ne doute pas- mais de la mienne.  »(Christian Bobin)

Ses rivières sont ses réservoirs, des vases communicants; celles qui reçoivent et qui donnent. Toutes connectées, elles sont les vaisseaux de son cœur. Elles aussi nous montrent la direction… Ainsi, le poète Khalil Gibran a merveilleusement exprimé leurs parcours et leur dessein dans cet incomparable texte intitulé

 

 »La peur » :

On dit qu’avant d’entrer dans la mer,
une rivière tremble de peur.
Elle regarde en arrière le chemin
qu’elle a parcouru, depuis les sommets,
les montagnes, la longue route sinueuse
qui traverse des forêts et des villages,
et voit devant elle un océan si vaste
qu’y pénétrer ne paraît rien d’autre
que devoir disparaître à jamais.
Mais, il n’y a pas d’autre moyen.
La rivière ne peut pas revenir en arrière.
Personne ne peut revenir en arrière.
Revenir en arrière est impossible dans l’existence.
La rivière a besoin de prendre le risque
et d’entrer dans l’océan.
Ce n’est qu’en entrant dans l’océan
que la peur disparaîtra,
parce que c’est alors seulement
que la rivière saura qu’il ne s’agit pas
de disparaître dans l’océan,
mais de devenir océan.

Depuis sa lecture ce magnifique poème m’habite et m’inspire dans l’expérience de  »l’expression visuelle » de la Verticalité : la mienne.

Comme la rivière, nous ne pouvons revenir en arrière… Inévitablement, nous devons aller de l’avant. Toutefois, il est peut-être temps, maintenant, d’avancer avec de nouveaux paradigmes qui invitent et incluent les mécanismes de la vie, les lois universelles et la connaissance de soi pour atteindre cette équilibre qu’est la Totalité.

C’est par ces rivières que je parle de ma quête de sens à la vie. Et comme l’a écrit Christian Bobin : »Il n’y a pas de plus grande joie que de connaître quelqu’un qui voit le même monde que nous. C’est apprendre que l’on n’était pas fou. »

Chantale Jean

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Henry Wanton Jones

Henry Wanton Jones

Né dans les Cantons de l’Est, à Waterloo (Québec), en 1925.

Il étudie d’abord les Beaux-arts à l’Université Sir George Williams

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Henri Wanton Jones,

puis à l’ École d’art et de design du Musée des beaux-arts de Montréal; parmi ses maîtres le Dr Arthur Lismer, Gordon Weber, Eldon Grier et Jacques de Tonnancour.

Son approche picturale qualifiée de surréaliste, onirique et érotique en fait un artiste visuel unique dans l’univers de la peinture canadienne

Sa carrière débute par la peinture, puis se tourne vers la sculpture dans les années 60 et 70 pour ensuite retourner à la peinture. Son oeuvre aborde plusieurs thèmes récurrents dont l’univers équestre, sa conjointe et muse Julia Grace Kertland et le Mexique.

1956 à 1967: Jones enseigne le dessin et le graphisme à l’École du Musée des beaux-arts de Montréal

1961 à 1963: Il enseigne le dessin aux enfants à l’École du Musée des beaux-arts de Montréal avec Arthur Lismer et Audrey Taylor

1967 à 1983: Il enseigne le dessin et la sculpture à l’Université Sir George Williams

1970: Il enseigne le graphisme à l’UQAM

1973 à 1975: Il enseigne la sculpture à l’Université McGill

Pendant plus de 35 ans, Jones fait de la poterie, des bijoux en or et en argent, de la peinture et de la sculpture. À partir de 1976, il se consacre exclusivement à la peinture.

L’artiste mène de front jusqu’à 6 ou 7 tableaux à la fois; on lui reconnait une grande difficulté à se séparer de ses oeuvres une fois achevées. En effet, Jones revient toujours sur une toile pour reprendre sa signature ailleurs, changer un petit détail.

Georges Saint-Pierre

Georges Saint-Pierre fut mystique et il sera légende. Les habitués de la vieille capitale et les survivants de l’époque de la bohème de Québec connaissent les lieux hantés par son passé… S’étant disputé avec le gardien des cieux, l’autre Saint-Pierre, on dit qu’il rôde toujours dans la ville. D’autres disent qu’au coeur du faubourg, il est possible, très tard le soir, de le voir déambulant, aviné, à la recherche de lui-même. Nous savons cependant, et cela est certain, qu’il est de retour, pour quelques semaines, à l’intérieur des murs de l’impasse des deux anges.

L’oeuvre unique de Georges Saint-Pierre (1927-1985) fut reconnue pour la première fois par une critique du journal Le Devoir, Lyse Nantais, en 1961 1: « C’est une vision extrêmement intéressante dont la première qualité est la vigueur et la deuxième, le refus de toute complaisance. Saint-Pierre est, sans nul doute, une personnalité forte, ne craignant pas d’aller jusqu’à certaines outrances, détestables sur le plan plastique, mais rassurantes par leur audace même. » 2 Elle situe l’oeuvre comme faisant partie d’un courant artistique des années 1950, le misérabilisme. Mais, Saint-Pierre ne veut être rattaché à aucun groupe. Nantais explique dans son article: « l’artiste affiche une certaine indifférence quant aux réactions diverses qu’inspirent ses toiles. Il ne se veut engagé dans aucun groupe, ne croit pas à un mode d’expression en particulier et vit âprement sa propre Aventure ». Le peintre est indépendant et autodidacte, deux qualités stimulées par le rejet et le mépris durant les douze années précédentes.

Originaire de Chicoutimi, où il a vu mourir son père à l’âge de douze ans (1939), il quitte la région, de 1948 à 1958, pour faire de courts séjours dans la métropole. Il essaie même de s’y établir. Saint-Pierre cherche à entrer en contact avec les automatistes ; il rêve d’une rencontre avec Borduas. Les sources ne renseignent pas sur ses tentatives de fréquentation, mais indiquent qu’il n’a jamais réussi à s’intégrer au groupe qui semblait, d’ailleurs, le rejeter. De la même manière, il a été rabroué trois fois » par l’école des Beaux-Arts de Montréal qui le considérait sans talent ou… trop barbu. Il en a profité pour visiter les tavernes mal famées où il a découvert ses sujets d’études de même que rencontré les gens qu’il a aimés et respectés. Malgré les revers, Montréal lui a permis de rencontrer Paul Gagnon, qui l’a initié à la peinture, et Arthur Villeneuve. Suite à ces diverses expériences, il s’est établi à Québec.

La ville de Québec fut celle des grandes rencontres. En trois ans, il a exploré plusieurs avenues avant de forger son style unique. Marco Labrecque, dans un article du Soleil de 1973, décrit l’univers dans lequel il gravitait à son arrivée: « C’est l’époque de l’Arlequin, un café où l’alcool était fourni par les clients eux-mêmes, et les rencontres vont bon train, dans l’escalier de fer du Petit Champlain: Fred Garon, Gilles Vigneault, Raoul Roy, Marie-Claire Blais, Christian Larsen, Réginald Martel, Claude Carette, Louis-Paul Hamel, Suzanne Paradis, François Lafortune et beaucoup d’autres. ». 6 C’est l’époque de la bohème qui commence.

Pendant les deux premières années de cette période, il a travaillé, d’abord sur l’automatisme non-figuratif, ensuite sur la pensée humaine.- il voulait peindre des émotions. Son travail sur l’automatisme non-figuratif a abouti, en 1959, à une exposition individuelle, portant sur des études de Jackson Pollock, au Palais Montcalm, Bientôt, il s’est dit fatigué de copier les autres et Roger Huard l’a convaincu de donner suite à une vielle idée: devenir le personnage central de ses oeuvres. Ainsi, en 1961, Huard, propriétaire de la Galerie la Huchette, présentait une exposition des tableaux de Saint-Pierre. Lyse Nantais le rencontre, l’histoire et la légende se mettent en scène.

A partir de cette exposition, il commence à s’afficher comme un misérabiliste, mais en a toutefois amélioré le terme qualificatif, en le faisant précéder du terme « subgrondation », afin de se distinguer d’un quelconque mouvement étranger. Il détaillait son style ainsi: « la prise de conscience de la vie quotidienne du « père Marius » ou de « Popsy » par des artistes qui l’expriment […] la subgrondation misérabiliste n’est pas une école littéraire ou artistique, c’est un état, un mode de vie, celui des petits vieux du Quartier latin, des femmes appuyées à leur fenêtre pour commérer et des enfants sales qui s’amusent dans la rue. » 7 Le journaliste Claude Savoie faisait remarquer que, parmi les artistes qui pratiquaient ce style en 1963, on retrouvait les noms de Pierre Bédard (poète), Denys Morisset, Suzanne Paradis, Gilles Vigneault, Marie-Claire Blais et Louis-Paul Hamel. 8

En 1962, un article, « Cette toile pousse-t-elle les gens à se suicider » 9, paraissait dans le Petit Journal. L’auteur signalait qu’une peinture de Georges Saint-Pierre, intitulée  » Les suicidés « , était d’une telle détresse que deux jeunes femmes, en la voyant, avaient tenté de mettre fin à leurs jours. L’époque de la bohème, qui s’étire pour Saint-Pierre jusqu’en 1965, en était une de profonde affliction et de désarroi, troubles alimentés et soutenus par un alcoolisme démesuré. Malgré tout, Saint-Pierre ne se voyait pas entièrement malheureux » 10. À l’hiver 1965 il était au plus profond de son image désolé. Il habitait une chambre sans chauffage d’où il est sorti pour suivre une cure de désintoxication. Les peintures de cette époque sont, dans la plupart des cas, une représentation des plus tristes sentiments humains.

Au sortir de sa thérapie, il a rencontré Michel Champagne qui est alors devenu son premier gérant. Ce dernier l’empêchait de vendre ses toiles pour quelques verres de bière. Saint-Pierre incarnait un modèle de productivité et s’alliait avec Pierre Cantin. Un an après, il a recommencé à boire et, en mai 1966, Gilles Vigneault a écrit à son sujet le poème suivant:

Horrible de beauté
Humble d’audace
Tendre de solitude
Côte de canoterie
Rue Hamel et Ferland
Des Remparts
Hôtel Louis XIV et par
toutes les tavernes du
Quartier Latin; Saint-Pierre
ouvrait son oeil honnête
sur les mille visages d’une espèce d’univers féodal
au nickel impitoyable
Les nouvelles étaient:
Saint-Pierre s’est remis à boire
ou Saint-Pierre s’est remis à peindre.
C’etait faux.
Il s’arrêtait souvent de boire.
Les dernières nouvelles sont bonnes.

Cette même année, il a exposé à Montréal à la galerie L’Art Vivant de Michel Champagne et au Café-Théâtre du Petit Champlain. Les critiques ont tenté de le cerner:

Jean Royer: « Ces personnages au visage blanc ou vert ou rouge, au regard comme un reproche ou comme un cri de mort, ils racontent les états d’âme du peintres [sic]. Ces personnages sont toujours Georges Saint-Pierre recommencé. Entre la tendresse et la douleur. 12

Claude Daigneault: « Son monde c’est celui des petites gens, des peinards, des tâcherons. C’est celui du pauvre englué dans son univers sans issue, celui de l’ivrogne prisonnier de lui-méme. « 13

Claude Jasmin: « St-Pierre fait plutôt peintre du dimanche [malgré tout] nous sommes en présence d’un peintre généreux, peut-être complaisant ou paresseux mais d’un vrai peintre qui n’a pas encore trouvé sa voie. » 14

Michel Champagne: « Il désire de toutes ses forces découvrir cette étincelle qui est au fond de lui. Cette étincelle qui tantôt couve, éclate, s’éteint, reparaît ou devient incendie, il veut la capter, la dompter avant qu’elle ne devienne brasier [… ] » 15

Céline Chevalot: « Saint-Pierre notre peintre québécois »

L’année suivante, il a commencé des recherches sur les légendes canadiennes. Il voulait donner à son art le vrai motif du travail de l’artiste: « une ambition me hante: donner à l’art sa vraie raison d’être. Reconstruire le démoli l’ abandonné. » 17 En l975, le Musée du Québeca mis sur pied une vaste exposition sur les oeuvres de Saint-Pierre dont la plupart des tableaux étaient tirés du folklore québécois. L’année suivante, il a publié Légende canadienne illustrée *. Cette exposition et ce livre sont l’oeuvre centrale de Saint-Pierre, du moins ce qui fit sa renommée. Ces tableaux se distinguent de ses oeuvres antérieures; Saint-Pierre a quitté la ville noire pour la campagne lumineuse.

Pierre Bouchard

PIERRE BOUCHARD

Pierre Bouchard explore sur canevas standards des thèmes classiques comme la nature, les oiseaux, les poissons, les fruits ou le hockey. Conservateur dans les sujets mais moderne dans le traitement, il peint des images épurées, aux couleurs dégoulinantes, augmentées de mots tracés à l’aérosol et au pochoir. Le résultat relève du documentaire, de l’affiche publicitaire.

NEWJOECOOL

De l’autre côté du miroir, il y a Newjoecool, une autre identité grâce à laquelle le peintre s’exprime. Issu de la découverte du graffiti en 2008 et poussé par l’envie de s’exprimer avec ce langage, Newjoecool joue à sa façon avec les codes de ce courant artistique.

NewJoeCool

Pierre Bouchard,

le quotidien 19 septembre 2015

Maude Hallé

complet

MAUDE HALLÉ

Ma démarche artistique

Qu’est-ce qui me pousse à créer? Autrefois, j’aurais dit que c’était les images dans les magazines de mode et les affiches publicitaires qui m’inspiraient pour créer, mais aujourd’hui, je dirais plutôt que ce sont les images qui m’entourent au quotidien qui animent mon esprit créatif. Que ce soit l’effet de la lumière sur un sac de plastique qui vole au vent ou encore la trace laissée par ma tasse de café sur la table; n’importe quel petit moment du quotidien peut m’amener à créer.

Bien qu’avec les années, j’ai touché à plusieurs disciplines, certains thèmes reviennent régulièrement dans ma pratique, soit : l’art contemporain, la quête d’identité, le langage, l’autoportrait, l’obsession, le principe d’addition et de soustraction, la trace laissée par les choses et la limite entre le figuratif et l’abstraction.

L’art, pour moi, est une façon d’exprimer mon intériorité, mes angoisses et mes réflexions qui sont probablement partagées par un grand nombre de personnes. Bien que je m’intéresse de plus en plus à développer une dimension conceptuelle à mon travail, le résultat esthétique demeure très important pour moi. Mon souhait ultime serait que mon art soit accessible à tous et parvienne à toucher le spectateur sans même qu’il ait besoin de s’informer sur ma démarche au préalable. Je considère qu’une bonne œuvre communique par elle-même.

Mes études

2007-2012 : Études secondaires au Pensionnat du Saint-Nom-de-Marie

2013-2016 : Études collégiales au College Dawson en Arts Visuels

2017- : Baccalauréat à l’Université du Québec à Montréal en Arts Visuels et Médiatiques

Exposition Douglas Miller et Kevin Titzer

Douglas Miller et Kevin Titzer

Vernissage : 14 septembre 2017 Exposition du 14 au 30 septembre 2017

 

La galerie d’art La Corniche présente une exposition des dessins récents de

Douglas Miller

Il a le don de créer des animaux avec un tel réalisme que la seule chose qui les empêche de sauter du papier est leur corps à moitié dessiné qu’il illustre avec des lignes de contour simple.

Et Kevin Titzer , sculptures récentes

Ses personnages de bois, têtes ou corps, sont charmants en dépit de leur air mélancolique et des drôles de choses qu’ils ont sur leurs corps.

De la théatralité, très certainement, mais aussi les personnages de Kevin Titzer nous amènent vers de multiples pistes de réflexion: l’enfance, la vie, l’humour, la détresse…

Kevin Titzer exprime évidemment ses pensées mais se garde bien de les dévoiler; à nous d’y mettre nos intentions, nos interprétations. Il nous propose un univers riche, charmant, troublant.

 

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Michel Lancelot

Michel Lancelot

Biographie: Né le 5 mars 1945 en Angers, France. Il est au Québec depuis 1967.

Formation:

En 1974, il graduera en option gravure de l’École des Beaux-Arts de Montréal. La même année, il dirigera le Pavillon de la gravure sur le site de Terre des Hommes. Il y sera l’hôte de la première rétrospective des oeuvres en gravures d’Albert Dumouchel, considéré comme le père de la gravure québecoise. Michel Lancelot a passé sa vie à enseigner les beaux arts dans diverses institutions. Depuis 1995, il se consacre exclusivement à son art. Il est membre de l’atelier Circulaire, un des ateliers de gravures les plus actifs de Montréal.

Collections:
Banque Nationale – A.A.P.P. Inc. – GPC Concordia – Musée des Beaux-Art de Montréal – Groupe Everest – Institut de Recherche Clinique de Mtl – Fonds de solidarité, FTQ – Pouliot Mercure

 

Metro

L’Express d’Outremont

4 décembre 2012

Une inscription, un graphe dans les formes de la temporalité : telle pourrait être une caractérisation de l’œuvre de Michel Lancelot. Cela tient d’abord à la maîtrise éclairée de différentes techniques : aquatinte, lithographie, eau-forte, pratiques qui s’entrecroisent, qui s’éclairent et fournissent d’inépuisables possibles.

L’artiste fût aussi enseignant, et cette profession qui exprime entre autres la volonté d’être un passeur, de transmettre un savoir qui est surtout un héritage, confère aussi une texture particulière à la recherche artistique.

Le versant intuitif, la spontanéité du geste doit se décomposer pour être saisie; à la limite, il faut revenir à l’aube des apprentissages pour les re-connaître. Une temporalité qui est aussi conservation et valorisation, car Michel Lancelot investit dans ses récents travaux des cartes géographiques tirées de vieux almanachs, des gravures d’Hokusai extirpées de beaux livres sur l’art, des trouvailles en grand format aux couleurs surannées.

Ces supports sur lesquels s’effectue le travail sont choisis non seulement pour les qualités inhérentes à la matière, mais aussi et surtout pour la beauté des gravures, du dessin, des coloris et des moments de l’histoire qu’ils représentent. L’intervention n’est jamais passéiste; il s’agit plutôt d’un hommage, une façon de créer un dialogue entre l’artiste et cette matière venue du passé.

Michel Lancelot pose sur cela des formes végétales, animales et humanoïdes qui forment des compositions où l’équilibre et la cohérence sont constants. Il y a parfois émergence d’un petit théâtre. Parfois aussi quelques traits dessinent-ils un visage, ébauchent un sourire narquois, tracent un œil malicieux, toutefois la figuration ne porte pas un message

Sous l’encre noire comme sous les carmins, citrons ou azur, il est possible de distinguer les fonds ouvragés; les formes créées par l’artiste ouvrent là-dessus des fenêtres à ces anciennes harmonies. Ce sont les signes d’une appréciation très sentie envers des qualités de savoir-faire du passé. Par ailleurs, une vie bien réelle et une ironie bienveillante imprègnent ce travail, et cela laisse l’impression d’une sorte d’allégresse, d’une célébration esthétique épurée de tout contenu doctrinal.

Voici une mince inscription dans le corps même de la démarche de l’artiste : une recherche heureusement sans fin poussée toujours plus avant par une passion pour les techniques de gravure, de dessin, de peinture. Un dialogue médiatisé par des créatures et des créations que l’on reconnaît immédiatement; elles composent le délicat paraphe de Michel Lancelot dans l’histoire de l’art.

(Texte : Hugues Brouillet)

Michel Lancelot, atelier circulaire, borduas marchand d'art,

Michel Lancelot, galerie la corniche, borduas marchand d'art, atelier circulaire

Biographies des artistes