Alfred Pellan
1906-1988
Alfred Pellan est le premier artiste québécois à s’être inspiré du surréalisme. Il s’enorgueillira d’avoir adopté l’art moderne bien avant Paul-Émile Borduas. À son retour au Québec en 1940, après un séjour de plus de quatorze ans en France, Pellan devient le centre d’intérêt des artistes progressistes. Mais la situation évolue rapidement. Incapables de se mettre d’accord sur les moyens de mettre en œuvre la promotion de l’art contemporain ni ce qu’est l’art contemporain d’ailleurs. Pellan voit son action pour la promotion d’un art neuf, de l’intérieur même des structures de l’art officiel, par le truchement de l’École des Beaux-Arts, notamment. Pour Pellan tout l’académisme n’est pas à jeter à la poubelle; la tradition picturale présente encore à ses yeux quelques attraits, même s’ils sont rarissimes.
Dans l’art de Pellan la forme ne saurait rester brute. Si elle est le fruit d’un accident, l’artiste doit la mener au-delà de son état originel. Il privilégie l’esthétisme et la cohésion de l’ensemble, laquelle s’appuie souvent sur des compositions complexes. Appliqué et méthodique, Pellan apporte un soin méticuleux à la qualité graphique de ses œuvres, une caractéristique qui prendra de l’importance avec les années. Cette méthode de travail lui offre la possibilité d’exploiter presque à l’infini l’univers suggestif de son langage. Observer une toile de Pellan, c’est avoir accès à un monde ludique, organisé, où la nature joue un rôle de premier plan dans l’inspiration. Fin observateur, le peintre élabore plusieurs de ses compositions sur un mode similaire à celui qui ordonne la nature dans sa structure intime, à la fois par la répétition de la forme et par son infinie variété. L’esprit qui anime Pellan au cours des vingt dernières années de sa production affirme encore plus la dimension fantaisiste et humoristique de son approche ainsi qu’en font foi plusieurs composantes de son Bestiaire.