Léo Ayotte
Léo Ayotte voit le jour le 10 octobre 1909 à Sainte-Flore en Mauricie. Il s’adonne très tôt à l’écriture et à la composition de croquis de paysages. Rebelle, turbulent et de nature bohème, il développe, quoique encore très jeune, un problème de boisson qui le hantera une bonne partie de sa vie.
Son amour de la nature et l’émerveillement qu’elle lui procure, l’amènent naturellement vers la peinture. C’est en 1938, qu’Ayotte décide de quitter sa Mauricie natale pour Montréal. Sans le sous, il agit tout d’abord comme modèle à l’École des Beaux-Arts et réussit ensuite à y décrocher un travail de concierge. Prêtant une oreille attentive aux leçons des professeurs, il acquiert dès lors de précieuses connaissances. Toujours sans argent, Ayotte s’accapare des restants de tubes de couleurs des élèves et s’en sert pour peaufiner son style lors de ses temps libres. Le temps passé à l’École des Beaux-Arts s’avèrera déterminant dans son cheminement d’artiste.
Quelques temps plus tard, Ayotte déniche un appartement rue Saint-Christophe, qui deviendra son atelier pendant plus de trente ans. Son problème d’alcoolisme semble empirer et le met souvent dans l’embarras. Grâce à sa forme physique hors du commun et une alimentation rigoureuse, il parvient tout de même à se rebâtir une santé après chaque épisode de beuverie. Toutefois, son art et sa réputation en souffrent de plus en plus. Conscient qu’il se dirige vers une auto-destruction inévitable, Ayotte cesse de boire en 1958 et règle une fois pour toutes son problème avec sa seule volonté.
C’est à partir de ce moment, ayant une nouvelle perspective sur la vie et un regain d’énergie, qu’il produira ses plus belles toiles. En 1962, il part pour l’Europe et visite le Louvre à Paris. Sa nièce Louise-Hélène, aussi artiste-peintre, le rejoint plus tard sur la Côte d’Azur où ils y peindront plusieurs tableaux. Ce séjour lui procure d’inoubliables moments et il revient au pays plus rayonnant que jamais. Ses tableaux remportent de plus en plus de succès et tout va pour le mieux.
L’autodidacte ne dérogera jamais de son style unique. Ayotte n’utilisait souvent qu’un seul pinceau pour réaliser une oeuvre. D’un geste sûr et d’une spontanéité déconcertante, il réussissait toujours ses toiles du premier coup, n’ayant pas à y apporter d’éternelles retouches comme la plupart des peintres. Les traits gras et les couleurs vivantes qui émergeaient de son pinceau, le prolongement de son âme, animaient les sujets dont il savait en capter l’essence comme nul autre. Ses paysages colorés constituent de véritables hymnes à la nature. Ses natures mortes et ses portraits toujours chargés d’émotion, complètent son oeuvre et le consacrent comme un artiste de premier plan sur la scène québécoise. Après un dur combat contre le cancer, il s’éteint en décembre 1976.