Paul Tex Lecor
Paul Tex Lecor est né en 1933 à Saint-Michel-de Wentworth, comté d’Argenteuil, dans une famille d’artistes. Durant ses études secondaires, il découvre son goût, pour la peinture. En 1951, trois ans à peine après Refus Global, Paul entame, à dix-huit ans, ses études à l’École des Beaux Arts de Montréal. Il étudie auprès de professeurs réputés en peinture, en sculpture, en décoration et en publicité, mais se fait d’abord connaître en chantant dans les cabarets.
En 1956, Paul, porte déjà son surnom de Tex qu’il avait rapporté d’un été de travail dans l’Ouest Canadien. Un ceinturon acheté alors portait, sur sa boucle, le mot ‘’Texas’’. Les aléas de la vie eurent vite fait de ne laisser intactes à celui-ci que les trois premières lettres. Ce nom rappelant l’univers des pionniers dont l’artiste a conservé une certaine attitude héritée de ses fréquents séjours chez les bûcherons et les draveurs, fit rapidement l’unanimité.
C’est à ce moment que Tex s’installe dans cette ruche de créativité qu’est la rue Ste-Famille dans les années 50. C’est une époque de taudis, de ruelles et de scènes de villes ou les habitants semblent aujourd’hui venir d’un monde un peu surréel tant on a oublié cette époque pourtant pas si lointaine. Le travail pictural de Tex, à cette époque, tient un peu des symbolistes français. Il rehausse de traits noirs les formes de façon à en mieux cerner le caractère. Son travail est alors un peu sombre et laisse mal deviner le fin coloriste qu’il deviendra beaucoup plus tard. C’est à cette époque, suite à un déménagement rue Cherrier, que Tex fait la rencontre de Léo Ayotte (1909-1976) qui deviendra un ami et une influence marquante pour le jeune peintre qui admire les talents de coloriste de son aîné.
Vers 1975, il adopte la ‘’manière noire’ de Marc-Aurèle Fortin qui consiste à donner un fond foncé aux tableaux qui force l’artiste à utiliser des couleurs brillantes en contraste de façon à donner une luminosité caractéristique au tableau. Tex ne possédant pas encore la palette lumineuse qui le caractérisera plus tard, il se consacre à développer cet aspect de son travail. À travers des scènes de groupe ou il démontre le même souci du détail et la même passion du narratif que l’on trouve dans ces textes, il développe un sens peu commun de la composition.
Mais c’est en 1980 que la carrière de Tex Lecor atteint une renommée importante. Ainsi, c’est à ce moment que son travail pictural des trente années passées l’amène enfin à une maîtrise de la lumière et à une palette de couleurs sans pareilles. Son coup de pinceau est plus large, plus souple donnant à son travail une distinction et un air fier incontestables.
La demande pour ses œuvres devient telle que Tex peut, à toutes fins pratiques, vendre la totalité de sa production. Mais Tex est un artiste intègre qui a su apprendre sa leçon. Il ne peint maintenant que ce qui lui plait, sans compromis et sans verser dans la recette facile et la répétition sans âme.
Au milieu des années quatre-vingt,Tex, accompagné d’autres artistes désireux de promouvoir l’art figuratif au Québec et à l’étranger, fonde L’Institut des Arts Figuratifs qui regroupe maintenant plus de 160 peintres et sculpteurs professionnellement actifs dont plusieurs ont une renommée nationale et même internationale. Il sera président de l’IAF de 1986 à 1990.
En ce début de vingt et unième siècle, Paul Lecorre continue de personnifier l’image même de l’artiste qui a réussi sans compromis et qui continue son cheminement vers un idéal toujours en évolution.